Francisco José de Goya y Lucientes - The sleep of reason produces monsters (No. 43), from Los Caprichos

Luz y sombra : Goya et le réalisme espagnol

Coup d’envoi d’EUROPALIA ESPAÑA, l’exposition met à l’honneur l’une des figures centrales de l’art espagnol, Francisco de Goya (1746-1828). Artiste de cour, on lui doit de somptueuses peintures religieuses classiques, des portraits d’illustres intellectuels de son temps qui dénotent de son engagement dans les débats politiques de l’époque, mais aussi des séries de dessins et gravures aux accents satiriques comme commentaires acerbes des travers d’une société en pleine métamorphose. Alors que son nom établit un genre, le goyesque, sa pratique se distingue par sa capacité à distiller les traditions pour se projeter dans la modernité, tout en anticipant les principes de la contemporanéité à venir. Des générations d’artistes se sont appropriés son œuvre pour répondre aux moments prégnants de l’histoire d’Espagne jusqu’à nos jours, démontrant ainsi la persistance de sa pertinence radicale.

Peintre de formation, le Goya des débuts aspire à intégrer l’Académie, voyager en Italie et se conformer au canon classique. Il dépasse rapidement les préceptes académiques pour développer un style personnel qui puise son essence dans une approche sensible où se réconcilient l’allégorie classique et l’anecdote quotidienne. Puis, l’Europe est traversée d’un vent révolutionnaire. Il adhère aux valeurs de l’Espagne des Lumières et en peint les portraits de ses penseurs. Mais il pousse plus loin l’engagement en participant à l’état des lieux des maux de l’Espagne. La tragédie de la guerre et l’échec du projet politique libéral engrange la désillusion d’où surgissent ses séries de gravures si connues que sont Les Caprices, Les Folies et Les Désastres de la guerre. D’une contemporanéité saisissante, celles-ci résultent d’une expérience intime du douloureux constat de la faillibilité de l’homme que même la Raison ne semble pouvoir préserver. Si tout semble se jouer entre vie et mort, lumières et ténèbres, il s’agit pourtant davantage de l’expression d’une profondeur mystique toute propre au réalisme que Goya emprunte à la tradition espagnole, palpable jusqu’à nos jours dans les arts et la culture de ce pays.

Articulée autour de l’artiste et de son œuvre, Luz y sombra : Goya et le réalisme espagnol, dont le commissariat a été assuré par Rocío Gracia Ipiña et Leticia Sastre Sánchez, rassemble une sélection de ses peintures, dessins et gravures en dialogue avec des œuvres d’artistes qui l’ont précédé, de ses contemporains et de ceux qui l’ont suivi. Le parcours se déploie en trois sections pour trois étapes vitales desquelles émanent des ellipses temporelles thématiques qui mettent en lumière l’héritage formel et conceptuel de l’artiste sur les générations suivantes : de Miró à Picasso, mais aussi Zuloaga, Gutiérrez Solana, Oteiza ou encora García Rodero pour citer des noms moins connus des publics belges.

Par-delà les murs, l’exposition vous invite à découvrir performances, concerts et autres manifestations à Bozar et en Belgique. Plus d’informations bientôt.

8 octobre 2025 → 11 janvier 2026 à Bozar, Bruxelles